CLAIRE SCHMID

“Nous n'avons aucun accès à l'être” disait Montaigne.
C'est tellement vrai qu'il ne nous reste plus qu'à le chercher indéfiniment en deçà ou par delà la rumeur, les modes, les bruits du monde, dans ce silence de l'atelier, à travers ce corps, seule certitude éphémère.
Il n'y a de nu qu'humain. Et tout ce qui est vécu appelle et mérite une forme.
Il ne s'agit pas d'une Olympe peuplée d'idées, mais d'une humble recherche qui s'avance, à l'aveuglette, dans une forme mouvante tout au long d'une vie.
Il s'agit de se sentir vivant, de pouvoir toucher la forme donnée à cette peur, à cette patience, à cette colère, à cette tendresse.. Comme une empreinte dans la terre de cet invisible débordant, Une rassurance.
L'argile reçoit et transforme tous les mouvements intérieurs qui, eux même, sont l'écho de la vie toute crue.
Le passage au bronze exalte la lumière sur la forme et fait hommage au savoir faire du fondeur qui ruse avec la matière comme je ruse avec la gravitation pour animer la terre inerte.
Et le bronze résiste aux séismes...